Incendie à Grande-Synthe : l’impasse de la Manche s’est encore assombrie
Un incendie s’est propagé dans le camp de la Linière dans la nuit du 10
au 11 avril, réduisant en cendres une initiative de mise à l’abri dans
des conditions dignes de personnes exilées « en transit » vers la
Grande-Bretagne. Ce drame souligne l’urgence de
créer plusieurs lieux d’accueil humanitaire dans une région où de
nombreuses personnes continuent à arriver dans l’espoir de traverser la
Manche.
En effet, le démantèlement du bidonville de Calais n’a pas mis fin à l’attraction du Royaume-Uni. L’État français doit sortir du
statu quo et assumer son devoir de protection humanitaire de femmes, d’hommes et de mineurs isolés se trouvant en danger actuellement.
« L’impasse de la Manche s’est encore assombrie, mettant en danger
encore plus de personnes en demande de protection : l’État ne peut pas
persister dans ce déni de réalité », affirme Geneviève Jacques, présidente de La Cimade.
Le 28 février dernier, La Cimade interpellait avec ses partenaires –
Amnesty International France, Médecins du Monde, le Secours Catholique,
Emmaüs France, Médecins Sans Frontières, le Mouvement français pour le
Planning familial et la Fondation Abbé Pierre
– les ministres français de l’intérieur et du logement, sur « la
nécessité de créer plusieurs lieux d’accueil humanitaire dans le
Calaisis et le Dunkerquois pour permettre aux personnes migrantes de
sortir de l’errance et des graves dangers auxquels elles
sont exposées » face aux « conditions de vie et de sécurité devenues critiques à l’intérieur du camp » et à
« l’apparent silence des autorités administratives et judiciaires ». La demande de réunion de crise est restée sans réponse.
La Cimade, qui assure une permanence d’accès aux droits installée dans
la ville de Grande-Synthe depuis un an, réitère plus que jamais la
nécessité de créer des lieux d’accueil humanitaire sur le littoral.
De plus, les personnes exilées qui souhaitent, après information,
demander l’asile en France, doivent pouvoir le faire depuis un lieu aux
conditions d’accueil dignes, avec un réel accompagnement social, sans
risquer d’être renvoyées dans un autre pays européen
en application du règlement « Dublin ».
Enfin, pour les personnes qui souhaitent rejoindre le Royaume-Uni, les
démarches doivent être soutenues par l’État français. L’hypocrisie
diplomatique qui se joue à Calais comme à Grande-Synthe doit cesser,
elle conduit la France à contrôler la frontière d’un
pays tiers et les personnes migrantes à se mettre en danger.
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